Samedi 29 mars : le domaine des grottes de Han
Les grottes de Han, l’un des sites touristiques les plus connus de Belgique et je n’y avais jamais mis les pieds… Enfin non, j’exagère, il y a 20 ans, j’y avais été avec un groupe d’enfants mais je ne m’en souvenais absolument pas…
Est-ce parce que nous y avons été durant un superbe week-end de ce qui est encore la basse saison, toujours est-il que tout y est :nature exceptionnellement belle et bien mise en valeur, organisation au top
Départ de chez nous un peu avant 9h… et embouteillages phénoménaux sur la E42 à hauteur de Spy avant de rejoindre la E411… J’ai l’impression que ces travaux durent depuis au moins 2 ans. On fait donc un détour par Namur. Ce qui n’est pas plus mal. C’est toujours plus agréable de voir une ville pleine de vie plutôt qu’une autoroute.
Arrivé à Han, typique petit village ardennais, on trouve facilement à se garer sur la place principale face à l’église. On a le temps de prendre tranquillement nos billets d’entrée (le PassHan vous donne accès à la grotte, au parc animalier et aux musées Préhistohan et Han d’Antan).
Nous embarquons dans le safari car. Nolan peut s’asseoir un siège un peu plus petit et plus bas qui lui permet d’avoir une vue bien dégagée. Après une traversée du village, nous grimpons sur le massif de Boine qui surplombe la grotte. Nous nous payons un fou rire mémorable lorsque nous entendons la chanson du domaine, tellement kitch mais qui ne manque pas de saveur. Nous franchissons la grille de la réserve. Certaines personnes descendent du safari car. A partir de là, ils ont la possibilité d’effectuer un tout nouveau circuit pédestre sur les hauteurs de la réserve pour découvrir à leur rythme les animaux et le paysage. J’aurais bien aimé faire ce parcours mais Patrick et Nolan préfèrent profiter de leur confort et il est vrai que cela nous prendrait trop de temps…
Nous avançons dans la réserve à la rencontre des animaux qui peuplent ou ont peuplé nos régions. Ils évoluent en semi-liberté sur un territoire de 250 hectares … J’en ai fait des parcs à gibier et autres zoos, ici, c’est l’un des endroits où on les voit le mieux. Ils ont l’air heureux, s’approchent des grillages, mangent et viennent vers le safari-car. Ainsi, nous rencontrons des sangliers, des chats sauvages, une chouette, des chevaux de Przewalski.
Nous nous arrêtons devant l’enclos des loups. Le conducteur du safari-car leur lance de la viande… nous les voyons de très près. Ils sont magnifiques, nobles, adorables… qui ose parler de « grand méchant loup » ?
Nous faisons un autre arrêt au panorama de Belvaux. De là, nous avons une vue superbe sur le petite village de Belvaux et la campagne environnante. En période de crue, les grottes ne peuvent pas absorber entièrement le débit de la Lesse qui prend donc un détour et passe par ici, reprenant en fait son ancien cours.
Nous découvrons d’autres animaux : des bouquetins, des daims , des chevreuils, des aurochs… Le couple d’ânes du Poitou a un petit. On dirait un gros nounours plein de poils, il est à croquer… Nouvel arrêt pour faire la connaissance de Willy et Marlene, deux gros ours bruns qui sont allongés (pour ne pas dire étalés) sur la pierre fraîche à l’ombre…
Plus loin, nous nous arrêtons au Gouffre de Belvaux. Cest ici que la Lesse entre dans la grotte et commence son parcours souterrain. Elle fait une chute de 40 mètres, parcourt environ 200 mètres et commence une lente remontée pour ressortir 2 km plus loin.
Juste avant la sortie de la réserve nous croissons un paisible bœuf d’Ecosse qui paisse au bord de la route, si près qu’on peut presque le caresser.
Nous sortons de la réserve et regagnons le village. Nous descendons du safari car à hauteur de la jolie pleine de jeu. Nous pensions manger là, malheureusement le restaurant est encore fermé à cette période de l’année. Nous trouvons rapidement une petite friterie ou nous dînons. La nourriture n’est pas géniale mais le patron est franchement gentil. Pendant que Patrick fait la file pour commander, il offre à Nolan une pleine poignée de cacahuètes que l’enfant ne refuse évidemment pas.
Nous retournons dans la pleine de jeu où Nolan s’éclate comme un fou. C’est une très belle plaine avec une vue dégagée sur le massif et sur la Lesse qui coule un peu plus loin. Il y a des jeux pour tous les âges. Nolan ne se débrouille pas trop mal pour grimper dans toile d’araignée. Il y a aussi une mini-ferme , malheureusement fermée . On ne peut pas trop s’approcher des biquettes mais elles sont habituées à la présence de l’homme et viennent d’elle-même près des grillages en espérant quelque nourriture.
Nous entamons ensuite la visite du musée « PréhistoHan », c’est un petit musée qui ne contient que deux salles mais il est très intéressant. Les objets que les plongeurs ont découverts dans la Lesse souterraine y sont exposés. Autant de témoignages de la vie de nos ancêtres : des pointes en fer que les hommes de la préhistoire utilisaient pour chasser, des carreaux d’arbalète, des pièces de monnaie frappées sous Jules César , des petits bijoux précieux, …
L’une des pièces les plus remarquables est ce diplôme miliaire romain, composé à l’origine de deux plaques en bronze, une seule a été retrouvée. Le texte qui y est gravé est un extrait de l’édit impérial reprenant la liste des miliaires qui obtenaient leur congé et les droits civiques y afférents au terme d’un service de 25 ans !
Il faut aussi savoir que la grotte était un lieu de culte, les habitants de la région jetaient dans l’eau différentes offrandes à leurs dieux. Nous apprenons que les grottes servaient de repaire à une célèbre troupe de brigands qui a semé la terreur dans la région au 16éme siècle.
Un espace est réservéaux plongeurs qui ont explorés la Lesse souterraine, des gens passionnés grâce auxquels nous pouvons aujourd’hui admirer ces trésors. Il en faut du courage pour plonger dans de l’eau noire et glacée dont la profondeur atteint jusqu’à 8 mètres. Certains y ont laissé la vie.
C’est dans le même musée que se trouve le jeu « spéléogame ». Nous entrons dans une petite salle de cinéma, enfilons nos lunettes 3 D équipées d’un petit écouteur. Armés d’un joystick situé à droite de notre fauteuil, nous devons partir à la recherche de nouveaux trésors. Tout fini bien, nous déterrons un magnifique collier du 13éme siècle. C’est Patrick qui gagne la partie. Nolan s’est amusé comme un fou Quant à moi, j’avoue avoir eu fortement mal à la tête, je suis définitivement anti-3D. Bon à savoir, cette salle est également équipée pour accueillir des personnes à mobilité réduite.
Nous ressortons et nous dirigeons vers le musée « Han d’Antan » qui expose les métiers, aujourd’hui oubliés, d’un petit village campagnard. Le musée est petit et dense. Il présente de très nombreux objets.
Les garçons ont moins apprécié. Moi par contre, j’ai trouvé cela très intéressant. Chaque mannequin a son prénom (Théodule, Léontine, Fulgence,… ) et est mis en scène en fonction de son métier. On y apprend ce que faisaient le sabotier, le tanneur, la ravaudeuse, la fileuse, le crieur publique, la laitière, … Comme c’est dommage que tout ce savoir-faire disparaisse petit à petit au profit des machines.
Le sunlight de la lavandière sent encore cette typique odeur de propre.
Le photographe me fascine, j’ai passé un bon quart d’heure à le regarder, lui et son matériel. Sur quelques centimètres carrés sont exposés une quantité impressionnante d’appareils photos allant de la daguerréotype à l’appareil photo digital, en passant par le polaroid. Quelques portraits sont exposés notamment celui d’une jolie petite fille aux cheveux noirs qui doit être grand-mère maintenant.
Le chirurgien barbier vaut le coup d’œil. Autour de lui se trouvent les remèdes de grand-mère capables de soulager nombre de maux.
L’un des dernier tableau et la triste mise en scène d’un enterrement, un tout petit cercueil blanc. Le taux de mortalité infantile devait être impressionnant.
Les garçons sortent un peu avant moi et vont chercher les vestes dans la voiture tandis que moi, je profite encore un peu de ce joli musée.
Nous nous retrouvons dans le tramway centenaire qui nous déposera devant l’entrée des grottes. Il est bondé, nous prenons place à l’extérieur sur une petite plateforme.
Le tram roule vite, nous avons le vent de face, les chocs dus au freinage sont violents mais ça en vaut largement la peine, le paysage qui défile autour de nous est magnifique. Nous suivons la Lesse puis remontons vers le massif. On emprunte durant un moment le même trajet que le safari car, on repasse donc dans la réserve pour arriver, 4 km plus loin à l’entrée de la grotte la plus célèbre de Belgique. On nous propose de nous répartir en trois groupes : français, néerlandais et anglais. Le guide nous prend en charge pour débuter la visite. C’est parti pour 2km de galeries souterraines au départ du trou au Salpêtre .
La grotte de Han a été façonnée par la Lesse qui la traverse de part en part. Elle accueille des visiteurs depuis 250 ans. Nolan comprend vite la différence entre stalactite et stalagmite (même si il n’arrive pas à le prononcer correctement). Il apprend que ceux-ci sont composés au fil des siècles par de tout petits dépôts de calcaire. La nature est impressionnante, les sédiments que l’on observe sur les parois de la grotte ont été déposés par la rivière il y a des centaines de milliers d’années. On se sent tout petits devant ces concrétions vieilles de plusieurs siècles.
La galerie des Verviétois nous offre un éventail complet de concrétions plus belles les unes que les autres : les draperies formées par le ruissellement de l’eau, aussi fragiles que du verre, des groupes de stalactites et stalagmites qui nous donnent l’impression de voir une grande ville d’en haut, des colonnes (quand les stalactites et les stalagmites se rencontrent) , des coulées, des cierges…
C’est également impressionnant de lever la tête et de voir les blocs de pierre qui se superposent. On dirait qu’un seul petit caillou maintient le tout et qu’il suffirait de le retirer pour provoquer un éboulement (en réalité il faut un très gros tremblement de terre pour que cela arrive. La dernière fois, c’était il y a 7000 ans).
Nous découvrons le minaret, stalagmite de 5 mètres de haut et âgé de 12 000 ans (somme toute assez jeune) .
Nous traversons une autre galerie richement décorée et rencontrons le trophée, la plus imposante concrétion du circuit touristique, 20 mètres de diamètre, 8 mètres de haut. Le trophée est surmonté de draperies suspendues à une voûte de 20 mètres de hauteur. Les couleurs sont sublimes. Le calcaire est, en principe, blanc mais en ruisselant à travers la terre, il se charge de sédiments qui donne ces jolies nuances de bruns/ beige. Certaines parties sont même brillantes à cause des cristaux de calcaire qui s’y déposent. On dirait une décoration de Noël recouverte de fausse neige. Malheureusement, le trophée est noir à certains endroits. Rien de naturel là-dedans, ceci est une séquelle des visites d’antan qui se faisaient à la torche… La suie qui s’est dégagée de milliers de flambeaux a défiguré les plus jolies concrétions.
La visite se poursuit de plus en plus bas. Dans la salle Vigneron nous pouvons observer deux niveaux de galerie. Le niveau supérieur est définitivement abandonné par la Lesse mais le niveau inférieur est inondé en cas de crue. De la boue argileuse recouvre le sol. Certaines salles ont dû être fermées car trop boueuses.
Nous devons marcher sur un chemin bétonné surélevé. Nous croissons la Lesse à plusieurs endroits. . Ce paisible petit cours d’eau à l’extérieur se transforme en un mystérieux et bruyant torrent durant son passage sous terre. Elle est d’ailleurs comparée au Styx (fleuve qui coule en enfer selon la mythologie grecque).
Dans la salle d’armes, nous nous asseyons quelques minutes pour assister à un petit spectacle son et lumière qui permet également d’apprécier l’acoustique exceptionnelle de l’endroit (d’ailleurs des spectacles lyriques y sont souvent donnés). Nolan est très impressionné au point qu’il se met à pleurer. Il a peur du noir. Patrick est obligé d’allumer la lampe de son GSM et de la pointer vers le sol pour le rassurer. A partir de ce moment-là, il nous demandera régulièrement si il peut sortir.
Si certaines galeries sont très basses (Patrick qui est grand s’est cogné la tête plusieurs fois), certaines salles sont immenses. Je pense notamment à la salle du dôme, la plus grande salle de Belgique qui mesure 62 mètres de haut, 145 mètres de large pour un volume de 124 000 mètres cube. Des salles comme celles-ci ne sont pas uniquement dues au travail de la rivière, elles résultent également de plusieurs effondrements. Le sol est jonché d’éboulis sur lesquels se sont formés d’énormes stalagmites.
Fermée depuis la fin des années 80, Une salle a été ré-ouverte au publique en 2012 grâce à un éclairage led plus écologique : la salle des draperies qui contient des concrétions somptueuses se reflétant de le miroir qu’est la rivière.
Nous arrivons finalement à la résurgence, le Trou de Han. Jusqu’à récemment, la visite se terminait en barque.. Aujourd’hui de grandes passerelles ont été aménagées à 1 mètre au-dessus de l’eau. Tout aussi impressionnant. C’est ici qu’ont été jetés les objets précieux exposés au musée Préhistohan.
Le traditionnel coup de canon est tiré. A l’origine, il servait à chasser les démons. Aujourd’hui, il s’agit surtout de folklore et de démontrer une fois encore l’acoustique de ces grandes salles souterraines.
A notre sortie de la grotte, il est déjà presque 18h. Nous repassons par la plaine de jeux où Nolan peut s’amuser une dernière fois. La boucherie locale est encore ouverte et j’ai énormément de mal à résister à l’achat de salaisons ardennaises dont l’odeur et le goût m’ont toujours attirés : un bon saucisson ou un bonne tranche de jambon à l’os… C’est finalement le prix, qui m’empêchera de craquer.
Pour terminer la journée, nous allons manger dans une petite brasserie du village. Pendant que Patrick et Nolan, crevés, attendent d’être servis, j’en encore assez d’énergie pour m’aventurer quelques minutes dans le village et pour photographier l’église, magnifique dans ce soleil couchant…
Un peu après 19h nous reprenons la route, avec un détour par Namur puisque la radio nous annonçait à nouveau de gros embouteillages au même endroit que ce matin.
Ainsi s’achève une magnifique journée en famille dans un cadre naturel beau à couper le souffle et sous un soleil radieux… Le guide Michelin a donné 3 étoiles aux grottes. Trois étoiles très largement méritées.